ATMOSPHERE, GALERIE SHART, CASABLANCA
PHOTOGRAPHY
Exposition ATMOSPHERE galerie Shart, Casablanca
photographie & scenographie ZINEB ANDRESS ARRAKI
commisaire d'exposition AMINE BOUSHABA
« Un jour, on se rendra compte que le patrimoine, ce ne sont pas que des façades ou des enveloppes, mais qu’il s’agit aussi d’une atmosphère à préserver ! », clame Zineb Andress Arraki, commentant la destruction en cours de l’ancien Ministère des douanes, situé près de la gare de Casa port. « En tant qu’architecte, je n’aurais jamais détruit un tel bâtiment », ajoute celle qui considère que « l’un des grands drames de ce pays » est de ne pas savoir protéger son patrimoine urbain.
Architecte de formation, l’artiste a été invitée par Amine Boushaba (commissaire des Journées du Patrimoine organisées par Casamémoire), à participer à cette manifestation annuelle bien connue des Casablancais. « Pour moi, précise-t-elle, l’architecture ce n’est pas une coquille. Il est important de penser l’espace dans sa totalité. »
Des architectures et des intérieurs
Aussi l’exposition que propose la Galerie Shart – le second solo show de Zineb – met-elle à l’honneur des architectures aussi bien extérieures qu’intérieures. Le visiteur reconnaîtra le cinéma Liberté, l’église Notre-Dame alors en travaux, la villa dite « Camembert » construite par Wolfgang Ewerth ou les ateliers Vincent Timsit (Vété) bâtis par Jean-François Zévaco, dont le dôme situé Place des Nations Unies – que les Casaouis connaissent bien sous le nom de « kora ardia » ou globe terrestre – est en cours de réhabilitation.
Mais loin d’être une exposition mémorielle, « Atmosphère 1 » s’adresse bien plutôt à la sensibilité de chaque visiteur, à tous nos sens délicatement sollicités. Aux photographies s’ajoutent des dizaines d’objets anciens chinés par l’artiste à Casablanca. Chacun raconte une histoire singulière ; à l’image de ces vieux meubles art déco, de ces briques de verre issues d’anciens chantiers détruits, de ces cartes patinées de la ville ou de ces vieilles photos de famille qui disent mieux que tout la beauté du temps qui passe. Une playlist a d’ailleurs été composée pour l’occasion et une odeur de fleur d’oranger est diffusée, avec douceur.
Un patrimoine à préserver
À la vue de ces anges que Zineb est allée photographier dans le cimetière chrétien de Casa – « là où est enterré Zévaco d’ailleurs », ajoute-t-elle – on se met à songer à ces personnages du film de Wenders, « Les ailes du désir », dans lequel des anges contemplaient, fatigués, une ville de Berlin hantée par son passé et rattrapée par son Histoire. On se plaît à songer que ces anges baroques qu’affectionne l’artiste sauront protéger encore longtemps le patrimoine architectural d’une ville menacée par une frénésie de constructions / destructions que rien ne semble parfois pouvoir arrêter.
Exposition « Atmosphère 1 » de Zineb Andress Arraki, Galerie Shart, 23 rue du 6 octobre, quartier Racine, Casablanca, jusqu’au 9 juin 2018.